L'Union européenne cherche une « concurrence loyale » avec la Chine et refuse un nivellement par le bas des salaires et des normes environnementales, a déclaré lundi à l'AFP Teresa Ribera, vice-présidente exécutive de la Commission européenne. La responsable, chargée de la transition écologique et de la concurrence, s'exprimait lors d'une visite à Pékin.
De profondes frictions tendent les relations économiques entre les 27 pays de l'UE et Pékin. Bruxelles craint qu'une production manufacturière surabondante, alimentée par des subventions publiques massives, n'aggrave un déficit commercial considérable et que l'UE soit inondée de produits chinois bon marché.
Rejet du protectionnisme chinois
S'exprimant en amont d'un important sommet UE-Chine qui se tiendra dans la ville ce mois-ci, Teresa Ribera a rejeté les accusations de la Chine selon lesquelles l'Union se livrerait à du « protectionnisme ». « Nous, Européens, ne voulons pas nous lancer dans une course aux bas revenus, à la dégradation des droits du travail ou à la dégradation des normes environnementales », a-t-elle déclaré.
« Il est évident que nous ne pourrions pas ętre en bonne position si nos marchés étaient inondés, ce qui pourrait nous affaiblir avec des prix qui ne reflètent pas les coûts réels », a-t-elle ajouté. En octobre, l'UE a imposé des taxes supplémentaires à l'importation allant jusqu'à 35 % sur les véhicules électriques chinois et a enquęté sur les fabricants chinois de panneaux solaires.
Risques pour l'avenir européen
Reconnaissant qu'en matière d'énergie verte, l'UE pourrait « bénéficier à très court terme » d'un accès à des produits bon marché chinois, elle a surtout averti que « cela pourrait anéantir la possibilité » d'investissements à long terme dans l'avenir de l'Union. La visite de Teresa Ribera intervient alors que Pékin cherche à améliorer ses relations avec l'UE pour faire contrepoids aux États-Unis.
Le président Donald Trump a lancé des menaces de droits de douane tous azimuts et a retiré son pays des accords internationaux sur le climat. « Je ne pense pas que nous ayons beaucoup vu par le passé une grande économie, un grand pays, qui décide de s'isoler de manière aussi nette », a-t-elle relevé auprès de l'AFP.
Menaces commerciales américaines
« C'est dommage. Les Chinois pensent peut-ętre que les États-Unis leur ont donné une excellente occasion d'ętre beaucoup plus importants sur la scène internationale », a-t-elle noté. Cette visite a également lieu alors que l'UE est en négociation avec les États-Unis en matière commerciale.
Donald Trump a bouleversé des mois de négociations samedi en annonçant qu'il imposerait des droits de douane de 30 % aux produits européens entrant aux États-Unis si aucun accord n'était trouvé d'ici au 1er août. Ce lundi, la Commission européenne a réagi en proposant aux 27 pays de l'UE des représailles possibles à hauteur de 72 milliards d'euros, si Washington impose cette surtaxe de 30 %.
Négociations en cours
Une issue aux tensions commerciales liées aux préoccupations de Bruxelles à l'égard de la surcapacité industrielle chinoise « viendra » mais « pas aujourd'hui », a fait savoir Teresa Ribera, après une réunion lundi avec le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang à Pékin. Teresa Ribera s'est félicitée d'avoir eu un échange « profond et positif » avec les responsables chinois.
Elle a toutefois jugé qu'il y avait encore « une grande marge d'amélioration », lors d'une conférence de presse à l'issue de cette réunion. « Pour progresser, nous devons identifier quels sont les points d'inquiétude de chaque côté », a-t-elle souligné.
Souveraineté européenne
Interrogée un peu plus tôt sur la possibilité d'un accord, elle a répondu : « Qui sait ? Nous ferons de notre mieux. » Elle a toutefois insisté sur le fait que les règles européennes de concurrence numérique - souvent dénoncées par Donald Trump comme des « obstacles non tarifaires » au commerce - n'étaient pas à l'ordre du jour.
« C'est une question de souveraineté », a relevé la responsable européenne. « Nous ne transigerons pas sur la manière dont nous entendons défendre nos citoyens, notre société, nos valeurs et notre marché. »
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.