L'armée française a officiellement mis fin jeudi à sa présence militaire permanente en Afrique de l'Ouest et centrale lors d'une cérémonie historique à Dakar. Cette journée marque la restitution des dernières installations militaires françaises au Sénégal, clôturant plus de 60 ans de présence continue.
Ce retrait français intervient dans un contexte sécuritaire tendu au Sahel, où les attaques jihadistes se multiplient au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Une récente attaque au Mali s'est męme déroulée à proximité immédiate du territoire sénégalais.
Cérémonie solennelle à Dakar
La cérémonie de restitution s'est déroulée jeudi matin dans la capitale sénégalaise avec une remise symbolique des clefs du « camp Geille ». Cette installation, située dans le quartier de Ouakam, constitue la plus grande base militaire française au Sénégal.
Le général Mbaye Cissé, chef d'état-major des armées du Sénégal, et le général Pascal Ianni, commandant de l'armée française pour l'Afrique, ont présidé cette passation officielle. Le camp Geille abritait le poste de commandement de l'état-major interarmées et l'unité de coopération régionale.
Fin des Éléments français
Cette journée signe la disparition définitive des Éléments Français au Sénégal (EFS), qui comptaient environ 350 militaires français. Leur mission principale consistait à mener des activités de partenariat militaire opérationnel avec les forces armées sénégalaises.
Le processus de retrait avait débuté en mars dernier, avec la restitution progressive de plusieurs installations militaires françaises. Depuis 2022, l'armée française a également quitté le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, la Côte d'Ivoire et le Gabon.
Souveraineté revendiquée par Faye
Le Sénégal était resté après son indépendance l'un des alliés africains les plus fidèles de la France, ancienne puissance coloniale dominante en Afrique de l'Ouest. Mais les nouveaux dirigeants arrivés au pouvoir en avril 2024 ont promis de traiter désormais la France à l'égal des autres partenaires étrangers.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu avec un agenda de rupture, avait annoncé en novembre 2024 la fin de toute présence militaire française et étrangère sur le sol national pour 2025. « Le Sénégal est un pays indépendant, c'est un pays souverain et la souveraineté ne s'accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain », avait-il déclaré.
Partenariat militaire transformé
Bassirou Diomaye Faye avait toutefois assuré qu'il ne s'agissait pas d'un acte de « rupture » et défendu un « partenariat rénové » avec l'ancienne puissance coloniale. La présence militaire française au Sénégal reposait depuis 1960 sur des accords de défense et de coopération bilatéraux.
Ce retrait avait en réalité été acté côté français dès 2011 et 2012. En 2011, les Forces Françaises du Cap-Vert (FFCV), créées en 1974, avaient laissé place aux EFS, dépourvues d'unités combattantes mais disposant d'instructeurs spécialisés.
Évolution du dispositif français
En 2012, un traité avait entériné le changement de forme du partenariat militaire entre les deux pays. La défense de l'intégrité du territoire était alors assurée par les seules forces armées sénégalaises, sans unités combattantes françaises.
Le retrait français du Sénégal s'est effectué dans la concertation, contrastant avec le climat largement hostile à la présence française sur le continent africain. Face aux putschs et aux juntes hostiles au Sahel, l'armée française déployée dans la lutte antijihadiste a dû plier bagage, de gré ou de force.
Djibouti reste le dernier bastion
La France conserve désormais une seule base permanente en Afrique, à Djibouti, qui accueille 1.500 personnes. Paris souhaite en faire un « point de projection » pour ses « missions » en Afrique, après le retrait complet de ses forces du Sahel.
Cette transformation marque la fin d'une époque pour la présence militaire française en Afrique de l'Ouest, où elle était implantée depuis les indépendances des années 1960.
(AFP/Paris) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.