Le directeur de l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, Mohammed Abou Salmiya, était de garde samedi aux urgences quand sont arrivés les corps de son frère et de sa belle-sœur, tués par une frappe israélienne. "Je suis choqué et dévasté de voir les corps de mon frère et de sa femme", témoigne le médecin. "Tout est possible à présent, car vous recevez vos proches tués ou blessés. Les crimes de l'occupation (Israël, ndlr) se poursuivent et le nombre de martyrs ne cesse d'augmenter".
L'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza et l'un des rares encore opérationnels, accueille quotidiennement morts et blessés depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023. L'afflux de victimes a encore grandi depuis le début d'une offensive israélienne sur Gaza-ville le 16 septembre, dans le but d'anéantir le mouvement islamiste palestinien.
La Défense civile a fait état samedi d'au moins 11 morts dans des frappes sur Gaza-ville. Tôt dans la matinée, une ambulance a déboulé dans l'enceinte de l'hôpital, sirènes hurlantes, avec quatre corps enveloppés dans des linceuls blancs.
Un exode massif sous les bombes
Selon l'armée israélienne, 480 000 personnes ont fui le secteur depuis fin août, 450 000 selon la Défense civile de Gaza. Des milliers de Palestiniens prennent chaque jour la route vers le sud, emportant leurs maigres affaires sur des camions, dans des voitures, sur des charrettes tirées par des ânes ou sur les épaules.
"La mort est plus clémente", soupire Mohammed Nassar, 38 ans, un habitant du quartier Tel al-Hawa, en regardant le flot continu d'habitants quitter la zone. Épuisé, il dit n'avoir ni la force ni les moyens suffisants pour fuir. "Pour ma femme, mes trois filles et moi, nous attendrons jusqu'au dernier moment. Je n'ai pas l'argent pour partir", confie-t-il.
Des coûts de transport prohibitifs
Le trajet coûte cher pour certains, d'autres ne savent pas où aller. Plusieurs habitants ayant fui Gaza-ville rapportent avoir mis plus de douze heures pour atteindre les zones du sud indiquées par l'armée israélienne. Le prix des transports a flambé : des propriétaires de camions demandent désormais entre 1 500 et 2 000 dollars pour effectuer le trajet.
"Nous voulons évacuer mais nous n'avons pas d'argent", dit Raeda al-Amareen, réveillée avant l'aube par le bruit des explosions. "Nous n'avons męme pas 10 shekels pour acheter du pain. Que pouvons-nous faire? On restera -- soit on meurt, soit quelqu'un trouve une solution pour nous."
L'armée israélienne exhorte la population à se rendre dans ce qu'elle qualifie de "zone humanitaire" à Al-Mawasi, sur le littoral sud. Mais cette zone, initialement présentée comme sûre, a elle aussi été visée à plusieurs reprises par des frappes selon des témoins et des sources locales, alimentant la méfiance des Gazaouis.
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.