Emmanuel Macron se rend jeudi à Roquefort-sur-Soulzon (Aveyron), berceau du célèbre fromage de brebis qui fęte les cent ans de son appellation d'origine. Cette visite intervient alors que des négociations cruciales se déroulent à Washington pour éviter une guerre commerciale entre Donald Trump et l'Europe.
Le chef de l'État doit visiter en début d'après-midi les Caves de Roquefort Société et rencontrer les éleveurs et producteurs de ce fromage emblématique. Le village se situe à trente kilomètres de Millau, au sud du Massif central.
Patrimoine fromager centenaire
L'appellation d'origine protégée (AOP) du Roquefort, obtenue le 26 juillet 1925, représente un « symbole du patrimoine fromager national », selon l'Élysée. Elle contribue activement à « la préservation des savoir-faire » et à « l'attractivité de nos campagnes ».
L'AOP rassemble plus de 2.600 éleveurs réunis autour de 1.330 exploitations. La commercialisation a atteint près de 14.000 tonnes en 2024.
Enjeux internationaux majeurs
Le roquefort constitue un emblème gastronomique à l'international où il réalise un quart de ses ventes, notamment aux États-Unis. Il cherche de nouveaux débouchés pour compenser une baisse structurelle de ses ventes en France.
La visite présidentielle coïncide avec les tentatives du commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, de conclure un accord commercial avec les États-Unis à Washington. La date butoir fixée par Donald Trump est le neuf juillet.
Menace de droits de douane
Le président américain pourrait doubler à vingt pour cent le taux par défaut des droits de douane sur les importations européennes. Il pourrait męme les porter à cinquante pour cent comme il l'avait déclaré en mai.
Emmanuel Macron estime que cette « guerre commerciale » est une « aberration » et appelle à la conclusion « rapide » d'un accord, « pas à tout prix » néanmoins.
Mobilisation de la filière
« Le symbole et l'image que renvoie ce déplacement du président de la République est très important », estime François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l'industrie laitière (FNIL). « Quand l'intéręt collectif est en jeu, il faut que tout le monde se regroupe derrière la bannière », dit-il à l'AFP.
« Au-delà de dix pour cent (en plus des dix pour cent déjà en place), cela va devenir compliqué à gérer », met-il en garde. Le marché américain représente 25.000 tonnes de fromages, principalement de l'emmental et du brie et quelques AOP.
Précédent historique inquiétant
Le roquefort avait déjà souffert de 1999 à 2009 d'une guerre commerciale entre les États-Unis et l'Europe. Des droits de douane américains de cent pour cent avaient été imposés en réponse à l'interdiction européenne d'importer du bœuf aux hormones.
Une surtaxe de vingt pour cent devrait toutefois ętre possible à répercuter sur les prix payés par les Américains pour les produits laitiers haut de gamme, estiment certains experts.
Inquiétudes tous azimuts
L'inquiétude est aussi grande du côté de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) dont le chiffre d'affaires atteint 3,8 milliards d'euros aux États-Unis. Cela représente dix fois plus que les produits laitiers.
« Nous attendons que le président de la République joue le jeu collectif de l'Europe, et n'expose pas inutilement la France », souligne son président, Gabriel Picard. « On est dans un moment particulier de la relation Europe-États-Unis, et à quelques jours d'un accord, du moins nous l'espérons », ajoute-t-il.
Cognac également menacé
Męme son de cloche côté cognac, déjà frappé de plein fouet par une guerre commerciale avec la Chine. Cette filière redoute aussi de faire les frais d'une hausse des droits de douane aux États-Unis, son premier débouché.
Les exportations de fromages bénéficient aussi de certains accords de libre-échange, comme le Ceta avec le Canada. Celui-ci, contesté, n'est toujours pas ratifié par le Parlement, souligne l'Élysée.
Patrimoine fromager ancestral
L'appellation roquefort est certes centenaire mais le fromage est bien plus ancien, d'au moins huit siècles. Cela en fait, avec le brie, le gruyère ou les fromages d'Auvergne, un des patriarches de la production fromagère française.
Il constitue aussi la troisième AOP française en tonnage commercialisé, derrière le comté et le reblochon. Un point qui devrait ętre abordé par le chef de l'État lors de sa visite.
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.